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sité qui dura ensuite durant quatorze mois. Sans qu’aucune observation directe légitime l’hypothèse, les modernes ont attribué cet affaiblissement à une multitude de taches dont la surface de l’astre se couvrit à cette époque.

Cette hypothèse, cependant, semble presque commandée par les circonstances du second événement que rapporte le même historien. En 626, dit Abulfarage, sous l’empereur Héraclius, la moitié du corps du Soleil s’obscurcit, et cela dura du mois d’octobre jusqu’au mois de juin suivant.

Le Jésuite Scheiner expliquait par des taches l’éclipse totale du Soleil qui arriva au moment de la mort de Jésus-Christ. L’obscurité fut complète sur toute la Terre, et elle dura environ trois heures. Il n’en fallait pas davantage pour rayer cette éclipse du nombre de celles qui, dans le cours des siècles, ont dépendu de causes naturelles. En effet, une éclipse, quand l’interposition de la lune la produit, ne peut être totale que le long d’une zone de terre fort étroite, et même sur cette zone l’obscurité ne dure qu’un très-petit nombre de minutes.

On avait déjà fait remarquer qu’à la mort de Jésus-Christ, la lune se trouvait voisine de son plein ; or, quand la lune éclipse le Soleil, elle est nécessairement nouvelle. L’éclipse de la Passion fut donc l’effet d’un miracle.

Ce raisonnement ne manquait pas de force ; mais il suffisait d’une erreur de date pour tout ramener aux causes naturelles. Aucune erreur de date, au contraire, ne pourrait expliquer la généralité de l’éclipse et la durée qui lui a été attribuée.