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pénétrant dans la lunette polariscope elle se décompose en deux faisceaux colorés.

La lumière qui émane d’une substance gazeuse enflammée, d’une substance semblable à celle qui éclaire aujourd’hui nos rues, nos magasins, est toujours au contraire à l’état naturel, quel qu’ait été son angle d’émission.

Le procédé mis en usage pour décider si la substance qui rend le Soleil visible est solide, liquide ou gazeuse, ne sera plus qu’une application très-simple des remarques qui précèdent.

Les rayons qui nous font voir les bords du disque solaire sont évidemment sortis de la surface incandescente, sous un très-petit angle. Les bords des deux images, vus directement, que fournit la lunette polariscope paraissent-ils colorés, la lumière de ces bords provient d’un corps liquide, car toute supposition qui ferait de la surface extérieure du Soleil un corps solide est écartée définitivement par l’observation du rapide changement de forme des taches, des facules et du pointillé. Les bords des deux images ont-ils conservé dans la lunette une blancheur naturelle, ils sont néanmoins gazeux.

Les corps incandescents dont on a étudié, avec un polariscope, la lumière émise sous différents angles sont les suivants : solides, le fer forgé, le platine ; liquides, la fonte de fer et le verre en fusion. D’après ces expériences, vous avez le droit d’affirmer, dira-t-on, que le Soleil n’est ni de la fonte fondue ni du verre en fusion. Mais qui vous autorise à généraliser ? Voici ma réponse : suivant les seules explications qu’on ait données de la polarisation anormale que présentent les rayons émis