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des images est rouge, l’autre sera verte ; si la première est jaune, la seconde offrira la teinte violette, et ainsi de suite, les deux teintes étant toujours ce qu’on appelle complémentaires ou susceptibles par leur mélange de former du blanc. Quel que soit le procédé à l’aide duquel on ait polarisé la lumière directe, les couleurs se montrent exactement de même dans les deux images fournies par la lunette polariscope.

Remarquons, comme conséquence de ce qui précède, que la lunette polariscope donne un moyen très-simple, et d’une évidence manifeste, de distinguer la lumière naturelle de la lumière polarisée.

Il faut conclure, par exemple, des expériences que je cite plus haut sur les phénomènes que présente notre atmosphère observée à l’aide de ma lunette, que par un temps entièrement couvert, les deux images n’offrant pas les moindres traces de coloration, les rayons lumineux que l’atmosphère nous envoie ressemblent parfaitement à la lumière naturelle. Par un temps serein, au contraire, ces rayons, dans chaque direction, sont plus ou moins fortement polarisés suivant la position du Soleil.

On a cru pendant longtemps que la lumière, émanant de tout corps incandescent, arrive à l’œil à l’état de lumière naturelle, lorsque dans le trajet elle n’a été ni partiellement réfléchie ni fortement réfractée ; mais c’était là une erreur. J’ai reconnu que la lumière qui émane, sous un angle suffisamment petit, de la surface d’un corps solide ou d’un corps liquide incandescent, lors même que cette surface n’est pas complétement polie, offre des traces évidentes de polarisation, en sorte que