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Je me suis déjà servi précédemment de la propriété qu’ont certaines substances cristallines de jouir de la double réfraction pour arriver à mesurer les grossissements des lunettes (liv. iii, chap. xv, t. i, p. 124) ; ici je vais faire un usage non moins utile de cette même propriété.

En examinant par un temps serein, dans le courant de 1811, une lame mince d’un minéral nommé mica[1] ou talc de Moscovie, et dont la composition chimique est assez variable[2], à l’aide d’un cristal de spath d’Islande, j’ai reconnu que les deux images qui se projetaient sur atmosphère n’étaient pas teintes des mêmes couleurs ; l’une d’elles était jaune verdâtre, la seconde rouge pourpre, tandis que la partie où les deux images se confondaient, était de la couleur du mica vu à l’œil nu. Je vis en même temps qu’un léger changement dans l’inclinaison de la lame par rapport à la direction des rayons qui la traversent, fait varier les couleurs des deux images ; si, en laissant cette inclinaison constante et le cristal de spath dans la même position, on se contente de faire tourner la lame de mica dans son propre plan, on trouve quatre positions à angle droit où les deux images obtenues par la double réfraction sont du même éclat et parfaitement blanches. En laissant la lame immobile, et en faisant tourner le cristal de spath, on voit de même chaque image acquérir successivement

  1. De micare, briller, reluire.
  2. Le mica contient de la silice, de l’alumine, de la magnésie, de la potasse, du peroxyde de fer, de l’eau ; et les proportions de ces éléments varient le plus souvent d’un échantillon à l’autre.