Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences - Astronomie populaire, tome 1.djvu/591

Cette page a été validée par deux contributeurs.
571
LIVRE XI. — NÉBULEUSES.

Dans le mois de décembre 1810, les nébulosités des deux petites étoiles s’étaient dissipées. Le 19 janvier 1811, on n’en apercevait aucune trace, même avec le télescope de 12 mètres. Quant à la nébulosité de l’étoile principale, elle n’avait éprouvé qu’un très-grand affaiblissement.

Herschel croyait que les trois nébuleuses en question n’avaient rien de réel. Quand une étoile s’aperçoit à travers un brouillard, elle paraît être au centre d’une auréole lumineuse. Cette auréole se compose d’une portion du brouillard éclairée par l’étoile. Une cause analogue produisit, suivant l’illustre astronome, les nébulosités observées en 1774, autour des trois étoiles citées ; seulement, le brouillard ordinaire était remplacé par une matière cosmique, plus voisine de nous que les trois étoiles, située cependant dans les hautes régions du firmament, et en liaison immédiate avec la grande nébuleuse d’Orion. La matière ne brillait pas d’une lumière propre, puisque à une certaine distance des étoiles, on n’en voyait aucune trace. Elle reflétait fortement vers notre œil les rayons stellaires qui la traversaient sous les incidences très-peu éloignées de la perpendiculaire ; elle manquait de cette diaphanéité extrême dont l’esprit se plaît à doter les matières gazeuses situées dans les espaces célestes ; enfin, c’est en obéissant au mouvement de concentration qu’éprouve, ainsi que nous l’avons montré précédemment (chap. xv, xvi, xvii et xix), toute la matière de la nébuleuse découverte par Huygens, qu’elle cessa, en 1810, de s’interposer exactement entre les deux petites étoiles et nous, et voilà comment le