Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences - Astronomie populaire, tome 1.djvu/533

Cette page a été validée par deux contributeurs.
491
LIVRE X. — DES ÉTOILES MULTIPLES.

grand savoir. Il eut seulement le tort, alors très-commun à la vérité, de s’appuyer quelquefois sur les causes finales. Afin de montrer par un nouvel exemple, le danger qu’il y a à juger de la fausseté ou de l’exactitude d’une observation d’après le fameux cui bono, je ferai suivre ce que nous avons rapporté de parfaitement avéré, de parfaitement certain, touchant des étoiles qui circulent les unes autour des autres, de divers passages empruntés au Mémoire du savant académicien de Pétersbourg.

« À quoi bon des révolutions de corps lumineux autour de leurs semblables ? Le soleil est la source unique où (les planètes) puisent la lumière et la chaleur. Là où il y aurait des systèmes entiers de soleils maîtrisés par d’autres soleils, leur voisinage et leur mouvement seraient sans but, leurs rayons sans utilité. Les soleils n’ont pas besoin d’emprunter à des corps étrangers ce qu’ils ont reçu eux-mêmes en partage. Si les étoiles secondaires sont des corps lumineux, quel est le but de leur mouvement ? »

Voilà ce qu’on regardait comme de profondes objections en 1780 ; eh bien, des choses qui, il y a soixante ans, ne semblaient bonnes à rien, qui paraissaient sans but, sans utilité, existent réellement et ont pris place parmi les plus belles, les plus incontestables vérités de l’astronomie.

Herschel montra du reste immédiatement tout ce que sa découverte avait de fécond. Il reconnut que les couples d’étoiles, de grandeurs ordinairement inégales et très voisines les unes des autres, dont le ciel fourmille, ne se trouvent pas, en général, réunies ainsi dans un espace excessivement resserré par un simple effet de perspective.