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LIVRE IX. — DES ÉTOILES SIMPLES.

donc m’en tenir à cette simple mention d’une si étrange aberration de deux esprits supérieurs.

J’aurais presque le droit de qualifier avec la même sévérité le système que Vallesius Covarrobianus imagina pour expliquer comment l’étoile nouvelle pouvait avoir existé, depuis l’origine des choses, dans la place même qu’elle occupait en 1572, et être devenue subitement si brillante, tout en restant au fond très-petite. Cet auteur prétendait que l’éclat extraordinaire, exceptionnel de l’étoile, avait été l’effet de l’interposition d’une partie plus dense de quelque orbe céleste.

Ainsi les orbes solides emboîtés les uns dans les autres, les sphères de cristal des anciens, se présentaient encore comme une réalité à l’esprit des astronomes de la fin du XVIe siècle. Si je comprends bien la pensée de Covarrobianus, les orbes, dans leurs points de renflement, auraient agi comme les lentilles de nos phares, en empêchant les rayons de l’étoile de diverger, en les ramenant au parallélisme, et les jetant dans cet état jusqu’aux dernières limites de l’espace. Enlevait-on vraiment quelque chose au ridicule de la conception, en remplaçant, avec divers auteurs, le renflement de la sphère cristalline par un amas lenticulaire de vapeurs ?

De toutes les causes auxquelles il était possible de recourir pour expliquer les apparitions, les disparitions de certaines étoiles et leurs changements graduels d’intensité, celle qui consistait à doter ces astres de faces diversement lumineuses, et de mouvements de rotation autour de leur centre, aurait dû, suivant nos idées, s’offrir la première et le plus naturellement à l’esprit des