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ASTRONOMIE POPULAIRE.

céleste dont l’aspect m’est si familier, je vis avec un étonnement indicible, près du zénith, dans Cassiopée, une étoile radieuse d’une grandeur extraordinaire. Frappé de surprise, je ne savais si j’en devais croire mes yeux. Pour me convaincre qu’il n’y avait point d’illusion, et pour recueillir le témoignage d’autres personnes, je fis sortir les ouvriers occupés dans mon laboratoire, et je leur demandai, ainsi qu’à tous les passants, s’ils voyaient comme moi l’étoile qui venait d’apparaître tout à coup. J’appris plus tard qu’en Allemagne, des voituriers et d’autres gens du peuple avaient prévenu les astronomes d’une grande apparition dans le ciel, ce qui a fourni l’occasion de renouveler les railleries accoutumées contre les hommes de science.

« L’étoile nouvelle était dépourvue de queue ; aucune nébulosité ne l’entourait ; elle ressemblait de tous points aux autres étoiles ; seulement elle scintillait encore plus que les étoiles de première grandeur. Son éclat surpassait celui de Sirius, de la Lyre et de Jupiter. On ne pouvait le comparer qu’à celui de Vénus quand elle est le plus près possible de la terre. (Alors un quart de sa surface est éclairé pour nous.) Des personnes pourvues d’une bonne vue pouvaient distinguer cette étoile pendant le jour, même en plein midi, quand le ciel était pur. La nuit, par un ciel couvert, lorsque toutes les autres étoiles étaient voilées, l’étoile nouvelle resta plusieurs fois visible à travers des nuages assez épais. Les distances de cette étoile à d’autres étoiles de Cassiopée, que je mesurai l’année suivante avec le plus grand soin, m’ont convaincu de sa complète immobilité. À partir du mois de décembre