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LIVRE IV. — HISTOIRE DES INSTRUMENTS.

binaison de deux lentilles formant une lunette. (Venturi, t. Ier, p. 84.)

À des combinaisons imparfaites et vagues, nous allons voir succéder maintenant des instruments qui, sous le rapport des dispositions générales et de leurs effets, ne donneront plus lieu à aucune équivoque.

On a trouvé dans les archives de La Haye des documents à l’aide desquels Van Swinden et Moll sont parvenus à des conclusions décisives sur le premier, sur le véritable inventeur des lunettes d’approche.

On lit dans ces documents qu’un fabricant de besicles, nommé Jean Lippershey, à Middelbourg, mais natif de Wesel, adressa, le 2 octobre 1606, une supplique aux États-Généraux, dans laquelle il demandait un brevet de trente années qui lui assurât, soit la construction privilégiée d’un instrument nouveau de son invention, soit une pension annuelle, sous la condition de n’exécuter cet instrument que pour le service du pays. La supplique qualifiait ainsi le nouvel instrument :

« Il sert à faire voir au loin, ainsi que cela a été prouvé à MM. les membres des États-Généraux. »

Le 4 octobre 1608, les États-Généraux nommèrent un député de chaque province pour essayer le nouvel instrument sur une tour du palais du stathouder. (Huygens dit que les premières lunettes avaient un pied et demi de long.)

Le 6 octobre, la commission déclara que l’instrument de Lippershey serait utile au pays ; elle demanda, cependant, qu’il fût perfectionné en telle sorte qu’on pût voir des deux yeux.