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ASTRONOMIE POPULAIRE.

s’offre à lui comme un amas confus de diverses nuances. Il coudoie un ami sans le connaître, il n’a jamais surpris sur les traits de ses proches ni la tristesse qui appelle des consolations ni la joie que sa présence fait naître ; à peine enfin reconnaît-il sa femme et ses enfants quand ils ne lui parlent pas.

Plaçons-nous à l’autre terme de l’échelle ; choisissons une personne à qui des yeux aplatis ne permettent de voir que de loin ; nous la trouverons en proie à des embarras d’une autre espèce, mais ce seront encore de cruels embarras. Privez, en effet, le presbyte des lunettes qu’il emploie, et dès lors il n’y a plus dans nos bibliothèques un seul livre dont il puisse faire usage ; il est à la merci de ceux qui l’entourent, de ses domestiques, des étrangers. Le trouvera-t-on enfin moins à plaindre que le myope, si l’on songe seulement qu’un ami absent n’osera jamais épancher une confidence dans son sein, car il faudra qu’il se rappelle qu’un tiers, qu’un indifférent, qu’un ennemi peut-être en serait le premier dépositaire.


CHAPITRE VI

les anciens connaissaient-ils les lunettes


Les anciens, a-t-on dit, avaient sur la constitution du ciel des notions que les modernes n’ont pu vérifier qu’avec des télescopes. Comment les auraient-ils acquises sans le secours de ces instruments ?

Suivant Démocrite, la voie lactée contenait une quantité innombrable d’étoiles, et le mélange confus de leur