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teur, comme le prouvent les neiges perpétuelles dont tant de montagnes sont couvertes.

Il demeure ainsi constaté que, pendant une nuit sereine, un corps placé dans un lieu découvert émet plus de calorique rayonnant qu’il n’en reçoit il se refroidira donc indubitablement, et l’effet pourra être considérable si une substance peu conductrice interposée entre le sol et le corps, en mettant obstacle à l’arrivée de la chaleur terrestre, l’empêche d’aller combler le déficit.

Les substances dont l’enveloppe du globe est formée étant en général très-peu conductrices, le refroidissement qu’éprouvera la couche superficielle se communiquera lentement aux couches qui la supportent celles-ci jouent le rôle de la substance peu conductrice qui, dans la supposition précédente, était interposée entre le petit corps et le sol.

Les couches inférieures de l’atmosphère sembleraient devoir éprouver un abaissement de température pareil ; mais leur faculté rayonnante étant très-faible, comme celle de tous les gaz, le refroidissement s’y manifestera à un degré beaucoup moindre, en sorte que, par un ciel pur, un thermomètre placé sur le sol et un thermomètre suspendu dans l’air ne marqueront pas la même température : le premier sera le plus froid.

Cette différence de température entre l’air et les corps solides ou fluides placés à la surface du sol étant un effet du rayonnement vers l’espace, on doit s’attendre à la trouver d’autant plus forte que la faculté rayonnante de ces corps sera plus marquée et qu’une plus grande étendue du ciel se montrera à découvert.