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de la générations. Ces idées bizarres sont aujourd’hui complètement oubliées. Il ne nous en est resté que l’expression de lunatiques, généralement appliquée encore à ceux qui ont le cerveau malade.

Quant à la théorie des influences lunaires sur les maladies, elle compte encore un bon nombre de partisans. En vérité, je ne suis trop si l’on doit s’en étonner. N’est-ce donc rien d’avoir pour soi l’autorité des deux plus grands médecins de l’antiquité, et, parmi les modernes, celle de Mead, d’Hoffman et de Sauvages ? Les autorités, j’en conviens, sont peu de chose en matière de sciences à côté de faits positifs ; mais encore faut-il que ces faits existent, qu’ils soient devenus l’objet d’un examen sévère, qu’on les ait groupés avec habileté, et de manière à en faire jaillir les vérités qu’ils recèlent. Or, est-ce ainsi qu’on a procédé a l’égard des influences lunaires ? Où les trouve-t-on réfutées par des arguments que la science puisse avouer ? Celui qui, à priori, ose traiter un fait d’absurde, manque de prudence. Il n’a pas réfléchi aux nombreux démentis qu’il aurait reçus de nos jours. Je le demande, par exemple y avait-il rien au monde de plus bizarre, de plus incroyable, de plus inadmissible, que la découverte de Jenner ? Eh bien, le bizarre, l’incroyable, l’inadmissible, se trouve être vrai, et le préservatif de la petite vérole, d’un consentement unanime, doit être désormais cherché dans une petite pustule du pis des vaches ! J’adresse ces courtes réflexions à ceux qui trouveraient que j’ai pris, dans ce paragraphe, une peine inutile. J’ai regardé, pour ma part, la question comme étant assez importante pour la discuter dans un