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l’Amérique espagnole : 1o que le poisson qui a été exposé à la lumière de la Lune, que le poisson alunado, comme ils l’appellent, a perdu son goût et est devenu mollasse ; 2o que lorsqu’on laisse toute une nuit un mulet blessé à la même lumière, la blessure s’irrite et devient souvent incurable.

§ 10.

Hippocrate avait une foi si vive dans l’influence des astres sur les êtres animés et sur leurs maladies, qu’il recommandait très-expressément de ne pas se fier aux médecins qui ignoraient l’astronomie. Au surplus, la Lune ne jouait, suivant lui, qu’un rôle secondaire ; les Pléiades, Arcturus et Procyon étaient les astres prépondérants.

Galien se montra, à cet égard, un sectateur très-zélé d’Hippocrate ; mais c’est la Lune surtout qu’il doua d’une grande influence. Ainsi dans les maladies, les jours critiques fameux, le septième, le quatorzième, le vingt-unième, furent rattachés à la durée des principales phases de notre satellite. Ainsi l’influx lunaire devint le principal pivot du système des crises.

Pendant le règne des alchimistes le corps humain fut considéré comme un univers en miniature. Dans ce microcosme, comme on l’appelait, le cœur, le principe de la vie, se trouva naturellement assimilé au Soleil, dont il était recevoir les influences ; le cerveau eut la Lune pour terme de comparaison et pour régulateur ; Jupiter influait sur les poumons, Mars sur le foie, Saturne sur la rate, Vénus sur les reins, et Mercure sur les organes