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« Les corps exposé à la lumière de la Lune se couvrent d’humidité, Les corps exposés à la lumière de la Lune se putréfient rapidement. Un écran placé devant ces corps, et qui empêche la lumière lunaire d’aller les frapper, retarde notablement leur putréfaction. »

Hâtons-nous de montrer que tout cela est exact.

Un corps exposé à la lumière de la Lune, c’est-à-dire à un ciel serein, devient, par rayonnement, plus froid que l’air. Dès lors celui-ci dépose sur la surface refroidie une portion de son humidité c’est ni plus ni moins, le phénomène de la rosée tel que Wells l’a si ingénieusement analysé et qu’on le trouvera expliqué avec tous ses détails dans ma Notice sur le rayonnement de la chaleur.

L’écran qui arrête la lumière lunaire empêche le corps qu’il recouvre de se mettre en communication rayonnante avec l’espace, et, conséquemment, de se refroidir. Ainsi plus d’humidité déposée par l’air.

Une substance animale humide se putréfie bien plus rapidement qu’une substance animale sèche. L’écran qui empêche les rayons lunaires d’atteindre une substance susceptible de putréfaction doit donc retarder ce phénomène ou en diminuer l’activité.

En définitive, l’observation de Pline et de Plutarque était exacte dans tous ses détails. Il n’y avait à réformer que la théorie. Il fallait décharger la Lune des maléfices qu’on lui imputait en prouvant que, dans ces phénomènes, elle était témoin et non pas acteur.

Après la minutieuse discussion à laquelle je viens de me livrer, tout le monde concevra sans peine ce qu’il peut y avoir de vrai dans ces opinions des habitants de