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ces phénomènes aucune espèce d’action ; elle n’y figurerait que comme indice d’un ciel serein ; son rôle se réduirait à celui que nous avons attribué à la fameuse Lune rousse.

Je serais, pour mon compte, d’autant plus disposé à me ranger à ces idées, que, dans certains pays, dans le midi de la France, par exemple, le nom de la Lune ne se trouve pas dans le proverbe que les mères ne manquent jamais de rappeler à leurs filles au moment d’une promenade de nuit : Songez, disent-elles :

Que lou sol y la sereine
Fan veni la gent mouraine (noirâtre),

§ 9.

« La Lune répand une abondante humidité sur tous les corps que sa lumière vient frapper. Cette lumière hâte la putréfaction des substances animales. »

Pline et Plutarque se sont faits les avocats de l’opinion que je viens de transcrire. Aujourd’hui même elle est presque généralement admise parmi les habitants des Indes occidentales. Personne, assurément, ne contestera qu’elle ne soit fort ridicule eh bien, dégageons-la de tout ce qu’elle renferme de théorique, et nous tomberons sur des faits simples, constants, dont aujourd’hui aucun physicien ne doute.

En effet, si Pline et Plutarque avaient voulu se borner à rapporter leurs expériences ; s’ils n’étaient pas devenus théoriciens ; si, prudemment, ils eussent cru devoir éviter de présenter la lumière lunaire comme cause des phénomènes observés, ils se seraient exprimés ainsi :