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donc trouver, dans des comparaisons de cette nature, la preuve que le noircissement de la peau ne peut être attribué à une action directe de la lumière lunaire. Aussi, je n’oserais pas nier entièrement l’exactitude de l’observation populaire. Voici d’ailleurs comment je conçois qu’elle pourrait s’expliquer sans avoir recours à une action chimique dont l’intensité est certainement très-faible.

Quand nous recevons sur la figure la lumière de la Lune, le ciel est serein ; quand le ciel est serein, il doit s’opérer à la surface de notre peau tous les effets de rayonnement vers l’espace que je décris dans la Notice sur le rayonnement de la chaleur à travers l’atmosphère. Mais la conséquence nécessaire de ces phénomènes est un abaissement notable de température. La peau exposée à la lumière de la Lune semble donc devoir être, comme des substances mortes placées dans les mêmes circonstances, de de de et peut-être même de au-dessous de la température de l’air. Il est vrai que la chaleur animale vient, à chaque instant, sur notre figure, sinon combler entièrement, du moins atténuer le déficit résultant du rayonnement. Il est vrai que le refroidissement total n’est presque jamais assez fort pour que la peau se couvre de rosée. Néanmoins, qui oserait affirmer que les conditions physiques dans lesquelles un froid local très-intense place l’épiderme, n’altéreront pas sa texture, ne modifieront pas sa nuance ? Le hâle du bivouac, ce hâle qui se manifeste exclusivement dans les nuits sereines, ne semble-t-il pas ne pouvoir être considéré que comme l’effet du rayonnement de la peau ? On voit que, dans cette hypothèse, la Lune n’exercerait dans