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cuire le raisiné, le moment ou la Lune est couchée. Or, dans le temps de la conjonction, la Lune, même lorsqu’elle se trouve sur l’horizon, n’éclairé point la Terre. Ainsi, dans le cas actuel, l’action de notre satellite ne saurait dépendre de sa lumière. Cette action, quelle qu’en fût la nature, devrait, au surplus, ne pas pouvoir se transmettre à travers la substance de notre globe, puisqu’elle cesserait des que l’astre serait couché ! Voilà une circonstance qui ne semble pas propre à faire adhérer à l’aphorisme de Pline, sans les preuves les plus positives.

§ 8.

« La lumière de la Lune noircit le teint. »

De toutes les substances connues, le chlorure d’argent est celle dont la couleur s’altère le plus fortement et le plus rapidement par l’action de la lumière solaire. Cependant, d’anciennes observations semblaient avoir prouvé qu’une lame de ce composé chimique, exposée pendant un temps fort long, non à la lumière naturelle de la Lune, mais à cette lumière condensée au foyer d’une immense lentille, ne perd rien de sa blancheur primitive. Mais depuis la découverte de Niepce et de Daguerre, les photographes ont entre les mains bon nombre d’agents chimiques très-sensibles qui se laissent impressionner en peu d’instants par les rayons lunaires, et l’on obtient avec une grande facilité des images photographiques de notre satellite, comme je l’avais prévu dès 1840[1]. On ne saurait

  1. Voir Astronomie populaire, t. iii, p. 470 ; et t. iv des Notices scientifiques, t. vii des Œuvres, p. 498.