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§ 4.

De tous les astres dont le firmament paraît parsemé, la Lune n’était pas, à beaucoup près, celui auquel les anciens attribuaient la plus puissante influence. Ils croyaient, par exemple, qu’une simple étoile fixe, qu’une étoile qui peut à peine prendre place parmi celles de première grandeur, que Procyon, enfin, ou le Petit Chien, décide exclusivement du sort des vendanges que ses malignes influences causent le charbon qui brûle le raisin. » (Pline.)

Sans prendre la peine de nier les propriétés occultes attribuées à Procyon, et que ne posséderaient pas des étoiles beaucoup plus brillantes, telles que la Lyre, Arcturus, la Chèvre ou Sirius, n’aurons-nous pas le droit de demander pourquoi toutes les années ne se ressembleraient pas ; pourquoi l’action malfaisante de Procyon serait aujourd’hui si active et demain insensible ? La différence, dira-t-on sans doute, dépend de circonstances atmosphériques, de l’état plus ou moins serein de l’air qui nous environne ; mais alors nous retomberons dans le cas de la Lune rousse ; alors nous pourrons considérer Procyon comme signe et non comme cause des phénomènes observés.

L’antiquité, il faut le reconnaître, croyait à une influence réelle des étoiles. « Un air doux et serein disait-on, transmet à la terre une espèce de rosée laiteuse et féconde qui découle de la Voie lactée. La Lune, au contraire, nous envoie une rosée froide dont l’amertume