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dans ce pays, les agriculteurs ont établie entre deux classes distinctes de plantes, à quelque cause physique susceptible de discussion mais en Europe on est allé bien plus loin : ainsi Pline prescrit de semer les fèves dans la pleine Lune et les lentilles vers le temps de la conjonction ! Ne faut-il pas, en vérité, une foi bien robuste pour admettre, sans preuves, qu’à 80,000 lieues de distance, la Lune, dans une de ses positions, agisse avantageusement sur la végétation des fèves, et que, dans une position opposée, ce soient les lentilles qu’elle favorise !

§ 3.

« Si l’on récolte le grain pour le vendre, il faut choisir le temps de la pleine Lune, car pendant la période qui précède cette phase, pendant la période de la Lune croissante, le grain augmente notablement de grosseur. Pour avoir des grains exempts de corruption, il importe, au contraire, de choisir le temps de la nouvelle Lune, ou du moins celui du décours. » (Pline.)

Puisqu’il est maintenant bien établi que la période de la Lune croissante et celle du décours ne voient pas tomber des quantités égales de pluie ; puisque nous savons qu’en Allemagne le nombre moyen des jours pluvieux correspondants à la première période est au nombre des jours pluvieux de la seconde comme 6 est à 5, on peut adhérer, jusqu’à un certain point, au précepte agronomique de Pline, sans toutefois admettre qu’il y ait ici pour la Lune d’autre rôle que celui de répartir la pluie d’une manière inégale entre les différentes périodes du mois lunaire.