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pas encore atteint son plein, se trouve sur l’horizon l’action de ses rayons atténue donc le refroidissement subit que la plante doit éprouver quand le Soleil disparaît. Pendant le décours, au contraire, la Lune souvent ne se lève que plusieurs heures après le coucher du Soleil, c’est-à-dire à une époque où le refroidissement des organes de la plante a déjà opéré tout son effet sur la sève. »

Mathématiquement parlant, ce raisonnement est exact ; mais il n’en sera pas moins dérisoire de prétendre saisir, dans un phénomène aussi compliqué que l’est celui de la végétation, les effets de changements de température qui, en portant tout à l’extrême, ne vont pas à un vingt-millième de degré centigrade.

Le système que je viens de réfuter (du moins quant à la raison physique sur laquelle on l’appuie) concernant la nécessité de semer les graines, de planter, de tailler ou de greffer les arbres par telle phase de la Lune plutôt que par telle autre, règne aussi dans les colonies d’Amérique. Ainsi, au Brésil, d’après ce que m’a dit M. Auguste de Saint-Hilaire, les cultivateurs ont soin de planter dans le décours tous les végétaux à racines alimentaires, tels que les carras (Dioscorea), les patates, les manives ; et, au contraire, ils plantent pendant la Lune croissante la canne à sucre, le maïs, le riz, les haricots. Cependant M. de Chanvalon rapporte qu’à la Martinique des expériences comparatives, faites en temps de pleine et de nouvelle Lune, ne lui firent apercevoir aucune différence appréciable entre les deux époques.

Peut-être, à la rigueur, pourrait-on rattacher la pratique du Brésil, c’est-à-dire la différence tranchée que,