Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 8.djvu/75

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dant la première que pendant la second» moitié de chaque lunaison. C’est pour cela, dit-il, que le bois coupé avant la pleine Lune est plus spongieux, et dès lors plus facilement attaqué par les vers ; c’est pour cela qu’il sèche plus difficilement, qu’il se fendille sous de faibles variations de température. Au décours, au contraire, pendant que la sève se retire, le bois est serré, solide ; il doit se trouver plus propre aux constructions.

Y aurait-il, dans le vaste domaine de la physique, rien de plus curieux que l’existence d’une liaison entre les mouvements de la sève et les phases de la Lune ? Mais cette liaison, admise par Sauer, est-elle le résultat d’observations directes ? Ne l’a-l-il pas plutôt imaginée pour appuyer le sentiment populaire sur les qualités diverses que posséderaient les bois, suivant qu’on les couperait dans la première ou dans la seconde moitié du mois lunaire ? En supposant que cette diversité fût réelle, au lieu d’en chercher la cause dans les mouvements de la sève, ne pourrait on pas la rattacher simplement à une circonstance sur laquelle nous avons déjà tant insisté au commencement de cette Notice à l’abondance de pluie qui caractérise le temps de la lune croissante ?

Au reste, l’opinion que je discute ici est loin d’être solidement établie car nous pouvons lui opposer des expériences directes, positives, de Duhamel du Monceau. Le bois que ce célèbre agronome tira d’un grand nombre d’arbres du même âge, situés dans le même terrain, et par la même exposition, ne parut jamais d’unn qualité supérieure, quand il compara les coupes faites pendant le décours de la Lune à celles qui correspon-