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Je renvoie à ma Notice sur le rayonnement de la chaleur à travers l’atmosphère, l’examen détaillé de la prétendue influence, sur les phénomènes de la végétation, que l’on prête, particulièrement dans les environs de Paris, à la Lune rousse j’ai cru devoir aussi combattre ce préjugé dans un chapitre de l’Astronomie populaire (liv. xxi, chap. xxxii, t. iii, p. 497).

§ 1.

« Les arbres doivent être abattus pendant le décours de la Lune, si l’on veut que le bois soit de bonne qualité et se conserve. »

Cette opinion était si généralement répandue dans le siècle dernier, qu’elle devint le sujet de prescriptions positives de la part de l’autorité. Ainsi, en France, les ordonnances forestières enjoignaient de n’abattre les arbres qu’après que la Lune avait passé son plein.

Mon célèbre confrère à l’Académie, M. Auguste de Saint-Hilaire, m’a appris qu’il a retrouvé ces mêmes idées au Brésil. Dans la province d’Espirito-Santo, M. Francisco Pinto, agriculteur distingué, lui assura que le bois qui n’est pas abattu pendant le décours est bientôt piqué des vers et ne tarde pas à se pourrir. Le garde forestier général allemand Sauer ne se contente pas d’admettre que le temps du décours doit être préféré à tout autre pour la coupe des bois ; il appuie ce précepte sur une cause physique qui, en la supposant réelle, serait bien remarquable. Suivant lui, la force ascensionnelle de la sève est beaucoup plus grande pen-