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§ 2.

« Si la corne supérieure du croissant de la Lune parait noirâtre le soir, au coucher de l’astre, on aura de la pluie au déclin ; si c’est la corne inférieure, il pleuvra avant la pleine Lune ; si c’est le centre du croissant, il pleuvra dans la pleine Lune même. » (Varron.)

Personne n’ignore aujourd’hui que la Lune emprunte sa lumière au Soleil, et qu’il n’existe point de matière entre les deux astres qui puisse, dans les quartiers, affaiblir d’une manière sensible le faisceau éclairant. Ainsi les changements qu’on pourra remarquer dans l’intensité des phases lunaires dépendront nécessairement de l’atmosphère terrestre.

Quand la corne supérieure est noirâtre comparativement au reste du croissant, c’est qu’il existe dans la direction de cette corne plus de vapeurs que le long du trajet des autres lignes visuelles. Si ces vapeurs s’abaissent un tant soit peu, elles affaiblissent le centre de l’astre. Il suffira d’un autre léger mouvement dans le même sens pour que l’obscurcissement porte sur la corne inférieure. Toute la différence entre les deux phénomènes extrêmes tiendra donc à la hauteur angulaire plus ou moins considérable d’un petit amas de vapeurs atmosphériques dont l’existence n’aurait peut-être pas été aperçue dans une autre région du ciel. Cependant ce petit amas à peine visible, qui, dans une première position, présageait la pluie pour une époque assez éloignée (pour le temps du déclin), s’il se rapproche de l’ho-