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Voilà, assurément, une tourmente, une perturbation atmosphérique considérable, soit par les dégâts matériels qu’elle produisit, soit par l’influence que le déplacement de l’air, et la masse de grêle déposée à la surface de deux longues et larges bandes du territoire, durent exercer sur les températures normales d’un grand nombre de lieux. Les météorologistes, en les supposant aussi instruits que possible, auraient-ils pu la prévoir ?

Les deux bandes eurent leur origine dans le pays d’Aunis et dans la Saintonge. Pourquoi là et non pas ailleurs ? Pourquoi l’orage ne commença-t-il pas sur tout autre point du parallèle de latitude passant par ses extrémités méridionales ? C’est, répondra-t-on, que dans l’Aunis, que dans la Saintonge, le 13 juillet 1788, les conditions d’électricité et de température étaient éminemment favorables à la production d’un orage à grêle et d’un ouragan concomitant dirigé du sud-sud-ouest au nord-nord-est. D’accord ; mais ces conditions thermiques et électriques favorables à la naissance de l’orage n’étaient-elles pas liées intimement aux travaux agricoles, à l’existence de telle ou telle masse d’arbres, à l’état des irrigations, à des circonstances variables suivant les besoins et le caprice des hommes ? Quant à la température, la réponse ne saurait être douteuse pour personne. Sur l’autre point, la liaison ne semblera pas moins évidente si je rappelle que l’évaporation est une source abondante d’électricité, et que divers physiciens ont même rangé la végétation parmi les causes génératrices de ce même fluide dans l’atmosphère.

S’il est vrai, comme on a cru le reconnaître, que