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CHAPITRE XXIII
des hivers qui ont amené la congélation des grands fleuves

Nous venons de citer des preuves de la détérioration des climats de quelques points isolés de l’Europe mais nous avons pu également démontrer que les climats d’autres points n’ont subi aucun changement notable depuis les époques les plus reculées. Veut-on maintenant que nous suivions Daines, Burrington et plusieurs autres physiciens, dans les efforts qu’ils ont faits pour prouver que la suite des siècles a considérablement détérioré le climat de l’Europe tout entière et celui de quelques points de l’Asie ? Désire-t-on qu’a l’exemple de ces auteurs, nous procédions par cas exceptionnels, par phénomènes extraordinaires ? Eh bien, des phénomènes extraordinaires analogues et beaucoup plus modernes se présenteront à nous en foule.

Lisez, nous dit-on, Diodore de Sicile et vous saurez que jadis, dans les Gaules, les fleuves étaient souvent gelés pendant l’hiver que les soldats à pied et à cheval, que les chariots, les plus lourds équipages, les traversaient sur la glace sans aucun risque.

Le fameux pont de Trajan, sur le Danube, était destiné, suivant Dion Cassius, à rendre en hiver le passage de ce fleuve facile « quand le froid n’avait pas congelé ses eaux ». Hérodien nous parle de soldats qui, au lieu d’aller avec des cruches chercher de l’eau sur les bords du Rhin se munissaient de cognées et coupaient des