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grande hauteur, fit la nuit, en plein midi, sur l’île de la Barbade.

Ces nuages de poussière se sont montrés, de temps à autre, dans des régions où il n’existe aucun volcan. Le Canada, surtout, est sujet à de tels phénomènes. Dans ce pays on a eu recours, pour en donner l’explication, à des incendies de forêts. Les faits n’ont pas toujours semblé pouvoir se plier exactement à l’hypothèse. Ainsi, le 16 octobre 1785, à Québec, des nuages d’une telle obscurité couvrirent le ciel, qu’on n’y voyait pas à midi pour se conduire. Ces nuages couvraient un espace de 120 lieues de long sur 80 de large. Ils avaient semblé provenir du Labrador, contrée très-peu boisée, et n’offraient nullement les caractères de la fumée.

Le 2 juillet 1814, des nuages semblables à ceux dont il vient d’être question enveloppèrent en pleine mer les navires qui se rendaient au fleuve Saint-Laurent. La grande obscurité dura depuis la soirée du 2 jusqu’à l’après-midi du 3.

Peu importe, quant au but que nous nous proposons ici, qu’on attribue ces nuages exceptionnels, capables d’arrêter entièrement les rayons solaires, à des incendies de forêts et de savanes ou à des émanations terrestres leur formation, leur arrivée dans un lieu donné n’en restera pas moins en dehors des prévisions de la science ; les accidents de température, les météores de tout genre dont ces nuages peuvent être la cause, ne figureront jamais d’avance dans les annuaires météorologiques.

L’obscurcissement accidentel de l’air embrassa, en 1783, un espace tellemcnt étendu (de la Laponie jus-