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marest n’ait pas fait connaître le genre d’observation qui le conduisit à un aussi singulier résultat. Avait-il, par exemple, déposé sur des glaçons de fond des objets qui restaient toujours visibles, tandis qu’en montant, toutes les vingt-quatre heures ces glaçons se rapprochaient notablement de la surface du liquide ? Cela valait certainement la peine d’être expliqué.

Lorsque, par un ciel fortement couvert, la température atmosphérique éprouvait peu de variation du jour à la nuit, la glace du fond de l’eau, suivant Desmarest, augmentait uniformément d’épaisseur pendant chaque durée de vingt-quatre heures. Dans le cas contraire quand le Soleil se montrait, par exemple, les accroissements de la glace cessaient de jour. Les diverses couches produites de nuit, après des intervalles de repos de cinq à six heures, formaient des lits distincts qui se désunissaient facilement. Alors l’impulsion du courant détachait chaque couche de glaçons de la couche inférieure à laquelle elle adhérait à peine, et la rivière commençait à charrier.

§ 4.

M. Braun, bailli de Wilhemsbourg, sur l’Elbe, publia, en 1788, plusieurs dissertations dans lesquelles l’existence des glaces de fond se trouve établie, soit par ses propres observations, soit par les déclarations unanimes des pêcheurs, obtenues à la suite de l’enquête la plus sévère.

Ces pêcheurs assurèrent que dans les journées froides d’automne, longtemps avant l’apparition de la glace à la