Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 8.djvu/15

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

§ 1. – Dislocation des champs de glace.

Personne ne peut douter que les champs de glace d’u pôle arctique, que des mers immenses congelées, n’exercent une influence marquée suries climats de l’Europe. Pour apprécier en nombres l’importance de cette influence, il faudrait tenir compte à la fois de l’étendue et de la position de ces champs ; or ce sont là deux éléments très-variables qu’on ne saurait rattacher à aucune règle certaine.

La côte orientale du Groenland était jadis abordable et très-peuplée. Tout à coup une barrière de glaces impénétrable s’interposa entre elle et l’Europe. Pendant plusieurs siècles le Groenland ne put être visité. Eh bien, vers l’année 1815, ces glaces éprouvèrent une débâcle extraordinaire, se brisèrent dans leur course vers le midi, et laissèrent la côte libre sur plusieurs degrés de latitude. Qui pourra jamais prédire qu’une semblable dislocation des champs de glace s’opérera dans telle année plutôt que dans telle autre ?

§ 2. – Les glaces flottantes.

Les glaces flottantes qui doivent le plus réagir sur nos climats sont celles que les Anglais appellent des icebergs (montagnes de glace). Ces montagnes proviennent des glaciers proprement dits du Spitzberg ou des rivages de la baie de Baffin. Elles se détachent de la masse générale, avec le bruit du tonnerre, lorsque les vagues les ont minées par leur base, lorsque la congélation rapide des