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cette natte est perméable à l’air dans tous les sens, soit parce qu’une masse fibreuse aussi faible doit se pénétrer de la température atmosphérique avec une extrême promptitude ; mais ici, comme sur tant d’autres objets, l’expérience a précédé la théorie. La natte n’aurait en effet qu’une utilité bornée et fort équivoque, si le froid de l’air était seul à craindre ; on va voir combien la question change de face dès que l’on considère de plus les effets du rayonnement.

Le Dr Wells ayant fixé aux quatre angles d’un carré de quatre piquets minces qui s’élevaient chacun de perpendiculairement à la surface d’un pré, tendit horizontalement sur leurs sommets un mouchoir de batiste très-fin et compara, dans des nuits claires, les températures du petit carré de gazon qui correspondait verticalement à cet écran léger avec celles des parties voisines qui étaient entièrement découvertes. Le gazon garanti du rayonnement par le mouchoir de batiste se trouva quelquefois de centigrades plus chaud que l’autre quand celui-ci était fortement gelé, la température du gazon privé de la vue du ciel par le mince tissu qui le recouvrait à de distance, était encore de plusieurs degrés au-dessus de zéro. Dans un temps complétement couvert, un écran de batiste, de natte ou de toute autre nature, produit à peine un effet appréciable.

Un écran donné garantit également bien le sol à quelque hauteur qu’il soit placé, si ses dimensions varient avec l’éloignement, de manière à intercepter constamment la même étendue du ciel. Il faut cependant éviter tout contact. Dans un champ gazonné l’herbe sur laquelle