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les savants de bonne foi et soucieux de leur réputation ne se hasarderont il prédire le temps.

Une déclaration si explicite me donnerait le droit d’espérer qu’on ne me fera plus jouer le rôle de Nostradamus ou de Mathieu Laensberg ; mois je suis loin de me bercer, à ce sujet, d’aucune illusion. Des centaines de personnes qui cependant ont parcouru tous les échelons des études universitaires n’ont pas manqué de m’assaillir après 1846, comme elles le faisaient antérieurement, de ces questions vraiment déplorables à notre époque L’hiver sera-t-il rude ? Pensez-vous que nous aurons un été chaud, un automne humide ? Voilà une sécheresse bien longue, bien ruineuse ! Va-t-elle cesser ? On annonce que la Lune rousse produira cette année de grands ravages ; qu’en pensez-vous ? etc. etc. Malgré mon peu de confiance dans les prédictions, j’affirme que cette fois l’événement ne me démentira point. Au reste, n’ai-je pas été mis pendant quelques années à une épreuve encore plus rude ? N’a-t-on pas publié un livre intitulé Leçons d’astronomie professées à l’Observatoire par M. Arago, recueillies par un de ses élèves ? J’ai protesté dix fois contre cet ouvrage ; j’ai montré qu’il fourmille de bévues incroyables ; qu’il est au-dessous de toute critique, dès le moment où l’auteur ne pouvant plus promener ses ciseaux au travers des notices de l’Annuaire, est réduit à tirer quelques lignes de son propre fonds. Efforts inutiles ! Ces prétendues leçons d’astronomie de l’Observatoire n’en sont pas moins arrivées à la quatrième édition. Les lois n’ont rien prévu contre ce que j’oserai appeler la calomnie scientifique. Que faire