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lors, que la prédiction du temps ne sera jamais une bronche de l’astronomie proprement dite. En effet notre satellite et les comètes ont été, à toutes les époques, considérés en météorologie comme les astres prépondérants.

J’ai encore envisagé le problème sous un autre aspect. J’ai cherché si les travaux des hommes, si des événements qui resteront toujours en dehors de nos prévisions ne seraient pas do nature à modifier les climats accidentellement et très-sensiblement, en particulier sous le rapport de la température. Les faits ont répondu affirmativement. J’ai publié ce résultat avant l’achèvement de mon travail dans l’Annuaire du bureau des longitudes pour 1846. Je l’avouerai sans détour, j’ai voulu alors faire naître une occasion de protester hautement contre les prédictions qu’on m’a attribuées tous les ans, soit en France, soit à l’étranger. Jamais une parole sortie de ma bouche, ni dans l’intimité, ni dans les cours que j’ai professés pendant plus de quarante années, jamais une ligne publiée avec mon assentiment, n’ont autorisé personne à me prêter la pensée qu’il serait possible, dans l’état de nos connaissances, d’annoncer avec quelque certitude le temps qu’il fera une année, un mois, une semaine, je dirai même un sent jour d’avance. Puisse le dépit que j’ai ressenti en voyant paraître sous mon nom une foule de prédictions ridicules, ne m’avoir pas entraîné, par une sorte de réaction, à donner une importance exagérée aux causes de perturbation que j’ai énumérées! Quoi qu’il en soit, je crois pouvoir déduire de mes investirions la conséquence capitale dont voici l’énoncé : Jamais, quels que puissent être les progrès des sciences,