Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 6.djvu/99

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

est ordinairement encombrée de plantes aquatiques ; l’eau y séjourne, s’y corrompt, et il s’en élève alors, dans certaines saisons, des gaz délétères, des miasmes, source première des fièvres qui déciment les garnisons de diverses places que je pourrais citer. Pour remédier au mal, il faut fréquemment laver la cunette à grande eau ; il faut y faire passer un courant abondant et rapide.

Les six réservoirs dont j’ai si souvent parlé, fourniraient les moyens d’effectuer ces chasses de salubrité, aussi souvent qu’on le jugerait nécessaire. Non-seulement les médecins célèbres que j’ai consultés reconnaissent l’utilité de ces lavages périodiques de la cunette, mais encore ils m’ont vivement engagé à insister sur ce point avec une grande force. A une époque, disent-ils, où le conseil municipal n’a pas reculé devant de très-grandes dépenses pour assainir la Bièvre en la canalisant, on ne doit pas permettre que Paris soit entouré d’une sorte de Bièvre artificielle de 36, 000 mètres de développement.

Je ne prévois qu’une seule objection à ce que je viens de proposer. Comment, dira-t-on, dans l’état actuel de nos finances, se résoudre à augmenter encore la somme énorme que le gouvernement a dépensé pour les fortifications de la capitale ! Voici ma réponse.

Le système hydraulique ajouterait tellement à la force de l’enceinte, qu’il ne serait plus possible de soutenir sérieusement la nécessité de la ceinture de citadelles. La dépense des barrages, des machines, des bassins, n’égalerait pas même celle qu’a exigée la construction d’un de ces forts. Enfin, la nécessité du système hydraulique