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ou presque rectiligne. L’ennemi ne peut pas vous envelopper ; la ligne qu’il vous oppose est dans les mêmes conditions que la vôtre ; à chacune de ses batteries vous opposez une batterie aussi puissante ; il ne réussit pas alors à éteindre vos feux.

Au siège d’Ath, en 1697, Vauban apporta au système d’attaque une modification qui lui donna une nouvelle supériorité sur la défense. Cette modification consista à substituer le tir à ricochet au tir direct.

Par le tir direct, on touche ce qu’on voit. A l’aide du tir à ricochet, on va chercher des hommes, des objets cachés derrière le parapet ; on les attaque, non pas de front, mais d’enfilade. Le boulet, tiré de près (de 600 mètres au plus), rase alors la crête du parapet avec une faible vitesse ; il pénètre dans la batterie sous un petit angle, ricoche sur le sol à diverses reprises, devient ainsi l’équivalent de plusieurs coups ; dans sa course il frappe les hommes, les affûts, détruit en même temps le matériel et les canonniers.

Eh bien, une série de bastions et de courtines occupant une longue ligne droite, ne pourrait être ricochée. Pour ricocher les canons qui sont braqués perpendiculairement au parapet d’une fortification, il faudrait s’établir dans la campagne, sur le prolongement de ce parapet et à une faible distance. Cette double condition en face d’une fortification rectiligne, placerait l’assaillant dans une position qui ne serait pas tenable ; car elle se trouverait en prise aux feux d’écharpe de l’artillerie des remparts, aux feux d’enfilade, aux feux de revers, et, ce qui est encore pis, aux feux de mousqueterie. Les