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possédions encore Philippeville, Marienbourg, Tounuay, Ypres, etc.

Les traités de 1815 n’ont pas même laissé nos frontières à l’état déplorable que le traité de Ryswyk avait amené. En faut-il davantage pour montrer l’utilité des fortifications de Paris ?

Parmi les personnes qui ne voulaient autour de la capitale de fortifications d’aucune espèce, j’en ai rencontré qui cédaient à une idée honorable, mais sans portée : elles croyaient que les forts détachés ou les bastions seraient, en apparence du moins, des indices de crainte, de faiblesse ; elles ne voulaient pas donner ainsi carrière à un redoublement d’arrogance, de prétentions et d’exigences de la part des étrangers.

Lorsqu’on est exposé au reproche de timidité en compagnie de Vauban, de Napoléon, on peut, ce me semble, ne pas s’en préoccuper. Au reste, qu’y a-t-il de pusillanime à prendre ses précautions, quand on a la presque certitude de recevoir le choc de l’Europe entière ? Le gouvernement de Juillet a eu l’incroyable inhabileté de s’aliéner les peuples, sans avoir néanmoins réussi à conquérir les sympathies des souverains. On ne citerait pas un allié dont le concours lui ait été assuré. Une pareille situation peut se représenter ; une guerre de coalition est toujours à craindre, et si une telle guerre éclatait, nous aurions à combattre une armée trois ou quatre fois plus nombreuse que la nôtre. La troupe de ligne, malgré sa bravoure, ne saurait suffire à une pareille tâche. Il faudrait que les gardes nationales, que les vaillantes populations ouvrières, agricoles, vinssent à son aide ; il