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assez forte pour n’avoir jamais à s’inquiéter sérieusement que des guerres de coalition. De notre temps les principes, bons ou mauvais, auront seuls le privilège de réunir dans un but commun, trois ou quatre grandes nations européennes. Les guerres de principes ne sont, ne peuvent être que des guerres d’invasion. La France ne doit donc pas s’imaginer qu’on l’attaquera désormais avec de faibles armées. Ses ennemis ne s’arrêteront plus près des frontières pour nous arracher le terrain pas à pas, pour nous livrer des combats méthodiques ; pour faire ce qu’on appelait jadis un guerre d’échiquier. C’est vers la capitale que se dirigeront leurs épaisses colonnes. N’est-ce pas là en effet, qu’aboutissent tous les rouages de l’administration centralisée ? N’est-ce point de Paris que les départements ont pris l’habitude de recevoir l’impulsion, même dans les plus petites affaires ? Paris n’est-il pas, enfin, le foyer d’où rayonnent incessamment les grandes idées politiques qui sont l’effroi des souverains absolus et l’espérance des peuples courbés sous le joug ? Les cabinets étrangers considèrent Paris comme la révolution incarnée ; c’est à Paris et à Paris seulement qu’ils espèrent pouvoir la frapper au cœur. Paris est d’ailleurs un centre de richesses inépuisable. L’armée envahissante certaine d’y entrer, n’a nul besoin d’embarrasser sa marche par de lourds convois. La ville rendra avec usure la poudre qu’on aura brûlée dans l’attaque ; elle nourrira splendidement ses vainqueurs, renouvellera leurs vêtements usés, paiera la solde arriérée. En doutez-vous ? Jetez un coup d’œil sur le budget actuel de la ville de Paris, et vous y verrez ce qu’il en coûte à recevoir ces