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rien, qu’une fois maréchal on ne voudrait plus l’employer sous de simples généraux ; que si on l’associait à des chefs du même rang que lui, cela pourrait faire naître des embarras contraires au bien du service. Personne ne verra dans cette noble conduite le symptôme d’un affaiblissement des qualités de l’esprit, du cœur et de l’âme.

En 1704, Vauban, devenu maréchal par obéissance, faisait le siége du vieux Brisach ; il s’en emparait au bout de treize jours et demi de tranchée ouverte, et, ce qui à ses yeux marchait toujours en première ligne, seulement avec la perte d’un très-petit nombre de soldats français.

Pendant l’année 1704, le vieillard prétendu caduc, rédigeait son immortel Traité de l’attaque des places. Le Traité de la défense fut écrit deux années plus tard.

En 1706, après la funeste bataille de Ramillies, Vauban reçut te commandement de Dunkerque, de Bergues, de la côte de Flandre. Par ses habites dispositions, disons mieux, par sa seule présence, il détourna l’ennemi de toute tentative sur ces contrées.

Dans la même année, le maréchal de Vauban, « le seul général peut-être, dit Voltaire, qui aimât plus l’État que soi-même, » proposa d’aller servir comme volontaire au siège de Turin, sous les ordres d’un jeune courtisan présomptueux, le lieutenant-général duc de Lafeuillade. Quand il connut ta manière dont cette grande expédition était conduite, Vauban, le désespoir dans l’âme, en prédit la fatale issue avec une exactitude de détails qui, après l’événement, excita le plus douloureux étonnement dans la cour de Louis XIV.

On me pardonnera ces détails historiques. La gloire