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tion. Quant au titre d’Oisivetés que l’illustre ingénieur donnait à ses méditations de cabinet, il a été très-faussement interprété ; Vauban se croyait oisif, partout où les balles ennemies ne pouvaient l’atteindre, partout où il n’était pas exposé à verser son sang pour la défense de la patrie.

Venons à l’assertion que j’ai lue avec une peine si vive sur la décadence du génie de Vauban à l’époque où il s’occupait des moyens de défendre Paris par une enceinte continue.

Le Mémoire sur les fortifications de Paris a été écrit un peu avant 1690 ; ce serait donc, au plus tard, de 1690 que daterait l’affaiblissement des facultés intellectuelles de Vauban. Eh bien, voici quelques passages d’une lettre, datée du 3 septembre 1696, relative au traité que des ministres faibles ou corrompus, voulaient, conclure à de déplorables conditions. La lettre était adressée à Racine.

« J’ai trouvé Paris rempli des bruits de paix que les ministres étrangers y font courir, à des conditions très-déshonorantes pour nous… Je ne vous ai paru que trop outré là-dessus. Il vaut mieux se taire de peur d’en trop dire. Ce qu’il y a de certain, c’est que ceux qui ont donné de pareils conseils au roi, ne servent pas mal ses ennemis… Nous perdons avec elles, (elles, veut dire les places qu’il était question de céder), nous perdons pour jamais l’occasion de nous borner par le Rhin. Nous n’y reviendrons plus, et la France, après s’être ruinée et avoir consommé un million d’hommes pour s’élargir et se faire une frontière… tombe tout d’un coup sans aucune néces-