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coup d’œil, de la bravoure à la tête d’une compagnie, d’un régiment, d’une armée ; d’avoir contribué, plus ou moins, au gain d’une bataille. Je dirai avec la même franchise, à l’égard des officiers des armes spéciales, que ceux-là seulement ont le droit de se poser comme des autorités, à qui il a été donné, après les études approfondies de nos brillantes écoles, de joindre la pratique à la théorie ; de tracer, par exemple, des parallèles sous le feu de l’ennemi, de diriger une sape simple ou double, d’aller attacher le mineur au pied d’un rempart ou de monter sur la brèche à la tête d’une colonne d’attaque. Les militaires n’échappent pas plus que les autres hommes à la règle commune : ils ne savent que ce qu’ils ont appris. Or, dans leur vie laborieuse, les officiers de guerre (les autres ne méritent pas même une citation), ont rarement assez de loisir, assez de force de tête pour embrasser à la fois toutes les branches de l’art : l’organisation, l’entretien, la marche, les manœuvres des troupes et les théories si difficiles, si délicates, que les officiers d’artillerie et du génie doivent posséder de nos jours. Faire cet aveu, ce n’est pas déchoir, c’est s’honorer. Quand je remonte par la pensée jusqu’à 1676, j’admire M. de Calvo mille fois plus que s’il avait cherché à se couvrir d’un voile trompeur, lorsque je l’entends adresser à la garnison de Maëstricht ces modestes et nobles paroles : « Un officier de cavalerie entend peu de chose à la défense des places ; que chacun de vous me donne donc son avis à toute heure, j’y déférerai avec empressement pourvu que le bien du service le comporte ; seulement, ne me parlez jamais de me rendre, cas je suis