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sûreté, qu’ils soient obligés de calculer leurs chances. Supposez la réussite certaine, et vous verrez les entreprises se succéder sans relâche. On procédera par coups d’État. Je ne veux ni coups d’État ni émeutes. Je crois l’indépendance de Paris nécessaire à celle de la France.

Les plus simples notions de l’économie politique sont en contradiction manifeste avec les plaintes qu’on articule sur le développement excessif de puissance et de splendeur de Paris, avec les prétendus malheurs que l’accroissement de la métropole amènerait dans un avenir éloigné. Les souffrances de Paris tardent peu à être ressenties jusqu’aux extrémités de la France. Le corps social est comme le corps humain : toutes ses parties ont entre elles une solidarité intime. Ces vérités n’offrent rien d’incertain, rien d’indécis à quiconque a étudié la manière dont les richesses naissent et se distribuent dans un grand pays.

Il faut l’avouer sans détour la ville de Paris est maintenant l’objet d’une jalousie aveugle, irréfléchie. J’opposerai à ce sentiment hostile et sans prétexte une appréciation des services de la métropole, empruntée à un homme illustre qui honora les premières années de notre grande révolution par ses lumières, par sa vertu par sa modération ; qui paya de sa vie les fautes d’autrui ; qui fit preuve, enfin, dans ses derniers moments, même au pied de l’échafaud, d’un courage héroïque. Voici comment il parlait de Paris :

« Aucune ville n’a montré plus d’amour de la liberté, plus de courage pour l’obtenir. Il n’est aucune ville à qui cette liberté ait autant coûté. »