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LES FORTIFICATIONS.

une chose fatale, comme devant ajouter beaucoup aux difficultés de la navigation dans l’embouchure de la Seine.

Que va-t-on d’ailleurs chercher sur les hauts de la petite rade, lorsque le banc de l’Éclat se présente au loin, en face du cap de la Héve. C’est sur l’Éclat qu’est la base du fort tant désiré. Voilà l’opinion générale. Que l’on consulte les citadins et les marins, les jeunes gens et les hommes âgés ; tout le monde au Havre cite le banc de l’Éclat, toujours le banc de l’Éclat, comme l’emplacement d’une fortification future. On ne défend pas une rade par un fort situé dans son milieu ; on la défend à ses limites extérieures.

Le banc de l’Éclat est la clef du Havre et de la Seine. Lorsqu’on aura occupé cette position fortement, on sera maître de la rade.

La force de la rade du Havre n’intéresse pas seulement le commerce, elle intéresse aussi au plus haut degré la marine militaire.

En cas de guerre, le canal de la Manche serait couvert de nos navires lorsqu’ils seraient poursuivis par des forces supérieures, ils chercheraient un refuge dans la Seine. Les vaisseaux de ligne eux-mêmes, obligés d’entrer dans la baie, trouveraient derrière le banc de l’Éclat un fond excellent pour mouiller.

Avec l’appui du fort, ils pourraient défier l’ennemi le plus nombreux.

On lisait naguère dans une brochure dont les journaux, dont tout le monde s’est occupé avec intérêt, qu’il n’y avait pas en France un seul port où l’ennemi ne pût pénétrer sans de très-grandes difficultés.