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LES FORTIFICATIONS.

garnison ; mais il n’y a pas d’encoignure sur une de nos places publiques, qui ne procurât aux soldats le même avantage. En général, si l’on voulait pousser les soupçons et les prévisions à l’extrême, ce n’est pas seulement sur les remparts proprement dits qu’il faudrait jeter un regard inquiet. Est-ce que, par hasard, l’hôtel de ville, le Louvre, le jardin des Tuileries, etc., ne sont pas vraiment des forteresses ? N’affaiblissons pas de très-justes griefs en les accolant à des puérilités.

Les garnisons des forts détachés, malgré leur faiblesse, seraient surtout redoutables, comme je l’ai expliqué (chap. xv, p. 120), par la facilité dont elles jouiraient, à l’aide de leurs feux croisés, d’arrêter les approvisionnements.

Les soldats renfermés dans les bastions, une fois retranchés vers la gorge, ne posséderaient-ils pas, dit-on, les mêmes avantages que les garnisons des citadelles ? Les garnisons de tous les bastions, mais non les garnisons de quelques-uns, auraient les facilités qu’on leur attribue. Or, si l’on suppose que dans un conflit semblable à celui de juillet 1830, le gouvernement pourrait compter sur cinq cents hommes dévoués par bastion, ce qui ferait environ cinquante mille hommes, ce ne serait certainement pas autour de l’enceinte continue qu’il les disposerait. Il ne faut pas se le dissimuler, cinquante mille hommes exercés, bien approvisionnés et dévoués quand même, seraient maîtres de la ville, avec ou sans fortifications.