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CHAPITRE XXII
sur le courage du peuple de paris

Certains critiques ne nient pas la puissance militaire de l’enceinte continue et bastionnée dont Paris est entourée ; mais, à leur avis, les causes d’une prompte capitulation de la ville existeraient plutôt à l’intérieur des remparts qu’à l’extérieur. Déjà, disent-ils, après une ou deux semaines le peuple murmurerait tout haut, à raison des fatigues, des privations qui lui seraient imposées. De là, enfin, à la sédition déclarée, à l’ouverture des portes, il n’y aurait qu’un pas.

Je ne répondrai à de si injustes insinuations contre le peuple de Paris, que parce que j’ai pris le parti de répondre à tout.

Rien n’autorise, rien ne justifie les sinistres hypothèses dont je viens de parler. Paris fut le théâtre en 1814, en 1815, en 1816, d’actes de bassesse inqualifiables. J’avouerai qu’il se trouvait alors, dans notre grande ville, des hommes qui n’avaient pas honte de crier dans la rue, de crier au spectacle, Vive Sacken ! vive Wellington ! que ces mêmes hommes essayèrent de jeter à terre, en présence des ennemis, la statue de Napoléon placée sur la colonne de la place Vendôme ; que certains journaux citaient ces actes avec éloge. Tout cela était assurément bien triste ; mais la masse de la bourgeoisie en gémissait, mais le peuple fuyait ces dégradantes saturnales.

Le peuple parisien est brave, plein d’élan, d’enthousiasme. Un gouvernement national, jaloux jusqu’au scru-