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couvert toujours repoussé, mais un carnage horrible… Cinq mille Anglais que Marlborough m’envoie pour réparer mes pertes, font des merveilles, mais sont mis en déroute… Ces braves gens se rallient autour de moi, je les ramène dans le feu ; mois une balte au-dessus de l’œil gauche me renverse sans connaissance. Il ne revint pas 1, 500 hommes des 5, 000, et 1, 200 travailleurs y furent tués. »

Si guerre timide il y a, on voit que nos pères savaient fort bien la faire.

« Fortifier Paris, a dit un éloquent orateur, c’est faire rétrograder le droit de la guerre, jusqu’à la guerre aux vieillards, aux enfants, aux femmes ; jusqu’à l’incendie, jusqu’à la famine, jusqu’à l’assaut. »

Ne croirait-on pas, en vérité, que les fortifications sont une création de notre époque, un fruit empesté de l’esprit révolutionnaire ? Propose-t-on, encore une fois, de détruire les remparts de Lille, de Strasbourg, de Besançon, de Grenoble, etc. ? N’y a-t-il pas aussi des vieillards, des femmes, des enfants dans nos forteresses ? Jamais les dangers, d’ailleurs fort exagérés, de famine, d’incendie, d’assaut, ne leur ont paru au-dessus du but glorieux que ces sentinelles avancées du pays doivent se proposer : la défense de notre nationalité. La population parisienne serait-elle au-dessous de la population de nos villes frontières ? Je proteste contre une pareille insinuation, injure gratuite, que rien ne justifie et que je ne devrais pas avoir besoin de combattre, car le courage est au centre de la France aussi bien que dans ses bourgades et ses hameaux les plus éloignés.