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par le maréchal de Boufflers ; la défense de Maëstricht, par Calvo ; la défense de Grave, par Chamilly, etc., comme pouvant marcher de pair avec ce que l’histoire militaire ancienne et moderne offre de plus glorieux.

Un de nos plus illustrés poëtes, M. de Lamartine, a condamné les fortifications de Paris, parce qu’il ne veut pas de la guerre défensive timide. Cette guerre est, suivant lui, contraire aux caractères de l’armée et du pays ; elle est détestable pour un peuple d’enthousiasme. Il faut, dit-il, laisser à nos soldats le libre exercice de leurs qualités distinctes : l’élan, le mouvement, l’improvisation, l’intelligence, l’expansion.

Voilà une appréciation des excellentes qualités des soldats français, assurément fort juste ; elle ne conduit, cependant, ni de loin, ni de près, à la conséquence que les fortifications de Paris pouvaient être nuisibles. Cette conséquence, en effet, s’appliquerait logiquement à toute l’étendue de la France ; elle n’aurait pas plus de poids, d’importance à Paris qu’à Lille, Strasbourg, Metz, Perpignan, Bayonne. Ces forteresses, considérées jusqu’ici comme les boulevards du pays, il faudrait donc se hâter de les démanteler. Les conserver, ce serait nous affaiblir ; nous priver, comme on dit, de l’élan, de l’impulsion, de l’expansion de nos soldats !

Les forteresses ont la propriété inappréciable de multiplier les forces des garnisons ; d’être imprenables, sous des commandants hommes de cœur et d’intelligence, malgré l’infériorité extrême du nombre des assiégés par rapport à celui des assiégeants ; de pouvoir être défendues avec des recrues ou des gardes nationales, contre