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en conscience, que de semblables manœuvres puissent s’exécuter au fond d’un fossé de fortification, au milieu d’une grêle de mitraille ? Les grimpeurs qui, par miracle, arriveraient jusqu’au parapet, n’auraient certainement rien de mieux à attendre que d’être faits prisonniers.

Un général s’était placé, il y a quelques années, parmi ceux qui croient à la possibilité d’escalader des remparts couverts d’artillerie. Voici ses paroles textuelles :

« Il n’est pas tout à fait impossible de combler très-rapidement un fossé sec et d’escalader un revêtement… N’y a-t-il donc, s’écriait M. Mathieu Dumas, aucun exempte de grands sacrifices pour atteindre un grand but ? A-t-on oublié le terrible assaut d’Ismaïlow ? »

A cela, je n’ai qu’un seul mot à répondre : Ismaïlow, dont on fait si lestement escalader les revêtements, n’avait pas de revêtements ! Tous les ouvrages étaient en terre, excepté deux bastions sur lesquels l’attaque ne se fit pas !

Au surplus, M. Mathieu Dumas n’admettait la possibilité de l’escalade qu’à la condition d’un fossé sec ; les fossés de l’enceinte continue pouvant être remplis d’eau de Seine, l’objection tombe d’elle-même. »

Des surprises ! Vauban, qui s’y connaissait, disait dans son Mémoire : « Je n’ai nui égard aux surprises et aux intelligences particulières, cette ville étant trop peuplée pour que l’on puisse rien entreprendre contre elle, sans faire de gros mouvements qui découvriraient tout joint que ce que j’ai proposé (l’enceinte continue) est directement opposé à toutes les mauvaises subtilités que l’on pourrait mettre en pratique à cet égard. »

On s’empare par surprise d’un poste, d’un faible déta-