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de déclamations furibondes ? hâtons-nous de nous mettre à l’œuvre. Loue-t-on, au contraire, notre prétendue sagesse ? soyons assurés que le pays va entrer dans une voie d’affaiblissement et de perdition.

Ces principes posés, je né conçois pas, je l’avoue, comment les convictions les plus loyales sur la prétendue importance militaire de la ceinture de forts détachés, purent rester intactes en présence des manifestations de l’étranger ; comment elles ne furent pas ébranlées, par le tonnerre de malédictions que vomit en tout sens la presse subventionnée de la sainte-alliance, le jour où le premier projet des quinze ou vingt bastilles périrent dans leur germe, sous les cris de réprobation de la garde nationale.

De notre point de vue la cause de ces violentes colères frappe tous les yeux. Les souverains absolus veulent partout des combinaisons morales ou matérielles qui, un jour donné, puissent devenir les auxiliaires de coups d’État contre la liberté des peuples et les institutions constitutionnelles. Les généraux ennemis pensent aussi que les forts détachés se sont élevés à leur profit. Les cruels événements de 1815 les encouragent à rêver des succès. Dans l’exécrable pensée qui les domine, ils marchent déjà sur Paris à la tête de 300, 000 Prussiens, Russes, Autrichiens ; ils s’emparent de la ceinture de citadelles, y laissent une trentaine de mille hommes, force bien suffisante, en effet, au milieu de tant de bastions menaçants, pour contenir la métropole, pour l’affamer au besoin ou pour la bombarder. Libres désormais de toute inquiétude de ce côté, ils vont avec 270, 000 hommes