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CHAPITRE XV

les forts détachés doivent-ils inquiéter la population ? ne pourraient-ils pas devenir aux mains des factions ou des ennemis de terribles moyens d’oppression ?

Les préoccupations de la France, au sujet de la ceinture de citadelles parisienne, ont été parfaitement légitimer J’en trouverai une première preuve dans les nombreux discours des ministres, et dans les brochures de la presse subventionnée. Les forts détachés, nous disait-on verbalement et par écrit, ne doivent pas inquiéter, puisque aucun de leurs projectiles n’arriverait jusqu’à Paris. Si les projectiles avaient pu atteindre nos habitations, les craintes auraient donc été fondées. Eh bien, en 1833, les journaux ministériels me mirent dans l’obligation de prouver[1] que les garnisons des forts détachés pourraient couvrir Paris, la totalité de Paris, de boulets, d’obus et de bombes, même en bornant les portées des canons, des obusiers et des mortiers à 4, 000 mètres. Les portées des grands mortiers essayés à Séville en 1810, à La Fère en 1811 et à Indret en 1812, étaient de 6, 000 mètres et plus. Les projectiles, remplis de matières incendiaires, pesaient près de deux quintaux. Ces nombres sont authentiques ; on n’en contestera pas l’exactitude. D’ailleurs je reviendrai plus loin sur ce sujet ; pour le moment je me bornerai à transcrire

  1. Voir à l’Appendice la lettre adressée au National du 26 juillet 1833.