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On annonçait d’ailleurs qu’en cas de surprise, Vincennes deviendrait un lieu de refuge où les autorités, à l’ombre de notre glorieux drapeau, attendraient le jugement du pays. Que pouvaient désirer de mieux les partisans déclarés du principe de la souveraineté populaire ?

Malheureusement, à un système de légitime défense en succéda bientôt un autre où presque tout le monde vit clairement, je ne dirai pas de& projets arrêtés, mais des moyens d’attaque et d’oppression vraiment irrésistibles. Ce système si menaçant est celui de la ceinture des forts détachés.

Les partisans de ces forts, oubliant ou feignant d’oublier les tentatives que je viens de rappeler, crièrent de tous leurs poumons : « Vous n’avez rien à craindre voyez si l’on s’est avisé de placer des citadelles à Montmartre. De là, nous le reconnaissons, on aurait aisément maîtrisé la ville. L’absence de toute fortification à Montmartre prouve avec évidence que la pensée d’opprimer les citoyens n’entra jamais dans l’esprit de personne. »

L’argument était mal choisi, car on aurait pu le rétorquer de cette manière : Montmartre est la colline d’où l’on maîtriserait Paris le plus aisément ; aussi les vues des fortificateurs s’y étaient arrêtées de prime abord. Quand ils renoncèrent à cette position, quand ils interrompirent des travaux déjà commencés, quand ils se portèrent sur des points un peu moins favorables à leurs vues, ce fut à contre-cœur et en cédant aux clameurs de la population.