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Quelques lignes dans un journal[1], et la fortification permanente de Montmartre cessa d’être indispensable à la défense de Paris, et la colline gypseuse ne figura plus dans les nouveaux projets, et on se résigna à la laisser en possession de ses carrières à plâtre, de ses moulins à vent, de ses guinguettes en bon air et de son télégraphe.

Repoussé de ce côté par la clameur publique, le gouvernement se rejeta sur Vincennes. Des constructions considérables furent exécutées dans l’intérieur du château. On y voulait, à tout prix, de vastes habitations à l’épreuve des bombes et des obus. Un général du génie, justement célèbre, avait des doutes sur l’utilité de ces dispendieux travaux. Il croyait, lui, que, dans tous les systèmes de fortification proposables, l’état actuel de Vincennes suffirait amplement au rôle secondaire que ce fort aurait à jouer : il se harsarda à le dire ; mais on lui répondit sèchement que la capacité politique n’accompagnait pas nécessairement la capacité militaire ; qu’à Vincennes il était alors uniquement question d’un problème politique dont les officiers du génie pouvaient bien être des juges peu compétents.

Les travaux de Vincennes, quoique conçus et ostensiblement exécutés au point de vue de la préoccupation intérieure, donnèrent lieu à peu de critiques. Ceux-là même qui refusent de croire qu’une émeute puisse mettre jamais sérieusement en danger un gouvernement franchement national, devaient s’interdire de blâmer certaines précautions, quelque exagérées qu’elles fussent.

  1. Voir l’Appendice la lettre adressée au National du 15 juin 1833.