Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 6.djvu/124

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Juillet, le gouvernement pensait, réellement à se fortifier contre l’ennemi et faisait construire, sur la ligne de Saint-Denis à Pantin, des redoutes en terre, ouvertes à la gorge, c’est-à-dire sans parapets et sans artillerie tournés du côté de Paris.

Vers la fin de 1831, les fortifications de campagne ne parurent plus suffisantes. L’autorité tourna les yeux sur Montmartre, et les officiers du génie reçurent l’ordre d’y établir deux vastes citadelles dont les plans présentaient des habitations d’une magnificence inusitée.

Bientôt les piquets délimitateurs, et aussi, pourquoi ne l’avouerai-je pas, les patriotiques indiscrétions de l’habile général Valazé qui dirigeait ce travail avec une vive répugnance, nous montrèrent dans les citadelles projetées des bastions, des fossés révêtus, des demi-lunes faisant face à Paris. Nous eûmes alors la hardiesse d’adresser au gouvernement ces questions assurément bien naïves : Craindriez-vous, par hasard, qu’en cas de siège, les troupes ennemies vinssent se placer entre le pied de la colline et le mur d’enceinte de Paris ? Avez-vous prévu le cas où les batteries de l’assiégeant iraient s’établir dans les rues Pigale ou du Faubourg-Montmartre ? Songez-vous déjà à foudroyer des boyaux de tranchée qui seraient ouverts le long des rues Taitbout ou Saint-Lazare ? Si vous ne répondez pas, songez-y bien toute la population aura le droit de vous croire plus occupés de la défense du système gouvernemental contre Paris, que de la défense du territoire contre les Prussiens, les Autrichiens et les Russes !

Il n’en fallut pas davantage pour éventer la mine.